dimanche 20 avril 2008

MICHAEL MOORE


Michael Moore, né le 23 avril 1954, est un écrivain et un réalisateur américain de documentaires engagés. Il vit actuellement à New York.


Jeunesse et engagement politique


Né à Flint (Michigan), fils d'une secrétaire et d'un ouvrier employés dans l'usine General Motors basée à Flint (Michigan), neveu d'un des fondateurs du Syndicat des Travailleurs de l'Automobile (UAW), Michael Moore était prédestiné à devenir un col bleu (col bleu est un terme d'argot utilisé pour désigner des individus faisant partie du bas de la hiérarchie de l'entreprise, en particulier les ouvriers et les exécutants des tâches manuelles, par oppositions aux cols blancs qui en représentent les dirigeants et les cadres).

À 18 ans, il est élu au conseil d'administration de son lycée (Davison High School), où il devient l'un des plus jeunes Américains à accéder à une fonction publique. Il se fait le porte-parole des étudiants.

Abandonnant ses études de journalisme sur le campus régional de Flint de l'Université du Michigan, il fonde à 22 ans le Flint Voice, un journal alternatif qu'il dirige pendant 10 ans.

Ses premiers engagements politiques sont à l'extrême gauche américaine. Il apporte son soutien au régime de Daniel Ortega au Nicaragua et dénonce l'embargo contre le régime de Fidel Castro à Cuba.



Débuts dans le cinéma

En 1989, il vend tous ses biens et parvient à réaliser le film qui le consacrera, Roger et moi, dans lequel il dénonce l'application des mesures de restructuration décidées par Roger Smith, président de General Motors, qui conduisent à la fermeture des usines automobiles de Flint (30 000 licenciés dans une agglomération de 150 000 habitants). C'est à l'époque le plus gros succès commercial jamais connu pour un documentaire.
En
1995, il réalise Canadian Bacon, film satirique se déroulant aux États-Unis juste après la Guerre froide, et mettant en scène le gouvernement américain tentant de monter les Américains contre les Canadiens pour relancer l'économie. Le film dénonce notamment la mentalité américaine vis-à-vis du port d'arme, ainsi que l'utilisation de la peur à travers les médias. Deux idées qui seront reprises de manière plus approfondie dans Bowling for Columbine.
En 1999, il sort
The Big One où il traite de l'appauvrissement de certaines tranches de la population aux États-Unis et des pratiques douteuses de certaines multinationales comme Nike.


The Awful Truth

En 1999, il crée, produit et présente l'émission The Awful Truth (transposable en français par « Une Vérité qui dérange ») dans laquelle il aborde des sujets graves avec humour. Lors de son premier rendez-vous mensuel, il dénonce le système des mutuelles de santé américaines (avides de profits), en invitant une compagnie à l'enterrement d'un de ses clients pour lequel elle refuse de payer la transplantation d'un pancréas. La compagnie mise en cause décide de couvrir toutes les greffes de pancréas après le passage de Michael dans ses bureaux... L'émission connaît un vif succès durant ses deux années d'existence à la fois aux États-Unis mais aussi au Royaume-Uni où elle est diffusée sur Channel 4.


Campagnes


  • En 2000, il fait campagne à l'élection présidentielle pour le candidat écologiste Ralph Nader, et critique ouvertement tant le candidat démocrate Al Gore que le républicain George W. Bush. Durant les quatre années qui suivent, il est l'inlassable détracteur de l'administration de George W. Bush. Ainsi, une semaine après les attentats du 11 septembre 2001 à New York, dans un premier temps, il met en cause, dans une interview à l'émission présentée par Karl Zéro sur la chaine française Canal+, le gouvernement américain et la CIA dans ces attaques terroristes, arguant que la cible était une ville démocrate ayant voté à une large majorité pour Al Gore ! Dans une autre interview, il doute de l'existence de passagers à bord des avions ayant percuté les tours jumelles de New York et fait valoir comme preuve qu'aucun passager n'était noir (insinuant qu'aucun noir ne pourrait participer à une telle mascarade organisée par des républicains).

  • Michael Moore est en première ligne contre la guerre en Afghanistan à la fin de l'année 2001 puis en 2003 contre l'intervention militaire des États-Unis en Irak.

  • Il fait de l'élection présidentielle de 2004 la « mère de toutes les batailles » contre George W. Bush et soutient dans un premier temps le général Wesley Clark lors des primaires démocrates. Avec un certain courage, mais entouré de gardes du corps, il participe à la convention républicaine sur les bancs de la presse en septembre 2004. Son site internet resta muet pendant trois jours après la réélection de George W. Bush le 2 novembre 2004 avant de se reprendre et de déclarer que l'avenir appartenait aux démocrates et à la gauche car la jeunesse avait voté majoritairement pour John Kerry, l'adversaire démocrate de Bush.

  • En 2007, lors de la réalisation de son documentaire, Sicko, consacré à l'assurance-santé aux États-Unis, il est accusé par le département américain du trésor d'avoir violé l'embargo des États-Unis contre Cuba. Il voit alors derrière l'enquête dont il fait l'objet des autorités américaines, des motivation politiques qu'il impute à George W. Bush alors que le cinéaste entendait démontrer que le système de santé de Cuba était, selon lui, meilleur et plus performant que celui des États-Unis.

Consécration au cinéma

Bowling for Columbine

En 2002, Bowling for Columbine est un succès international (Prix du 55e Festival de Cannes).
Il remporte en
2003 l'Oscar du meilleur documentaire et le César du meilleur film étranger. Le documentaire s'inspire d'un fait divers, le massacre en 1999 de 13 personnes par deux adolescents à la Columbine High School (voir massacre du lycée de Columbine). Moore s'interroge, dans le contexte de l'après 11 septembre 2001, sur la culture de la peur véhiculée par les médias et les politiciens, et sur la « meurtrière » industrie de l'armement américaine et son pendant politique, la National Rifle Association.
Pour ses attaques à répétitions, Michael Moore est poursuivi en justice 23 fois (avec 23 victoires devant la cour) par des entreprises gênées par ses écrits ou ses reportages, notamment Nike qui est contrainte, après The Big One, de mettre officiellement fin au travail d'enfants pour la fabrication de ses produits en
Indonésie.

Fahrenheit 9/11

En 2004, il réalise le film Fahrenheit 9/11, un documentaire orienté, qualifié de brûlot par la presse, réalisé dans le but avoué d'influer sur l'élection présidentielle de 2004. Il s'en prend notamment dans ce film à George W. Bush et à son administration, aux liaisons professionnelles liant la famille Bush à la famille saoudienne de Ben Laden, et traite de l'action de la diplomatie américaine qui conduisit à la 2e guerre d'Irak.
Ce film est produit par
Miramax, une filiale autonome de Walt Disney Company dont le patron Harvey Weinstein, fervent supporter du Parti démocrate, produit également Quentin Tarantino.
Disney refuse à sa filiale de diffuser son film aux États-Unis en pleine campagne électorale. Moore pointera du doigt le fait que Disney finance la campagne de
George W. Bush à hauteur de 640 000 $.
C'est dans ce contexte que le film reçoit la
Palme d'or au Festival de Cannes 2004, alors que le président du Festival, Quentin Tarantino, militant anti-Bush, est soupçonné de favoritisme du fait principalement de ses liens avec Miramax et du soutien personnel de Weinstein.
Dans son discours de remerciement, Michael Moore s'amuse du fait que son film a un distributeur en
Albanie, mais pas aux États-Unis.
Après avoir reçu la Palme d'Or, Miramax obtient l'autorisation de sa maison mère pour distribuer le film qui est présenté dans plus de 800 salles à travers les États-Unis.
À ce jour, Fahrenheit 9/11 est le documentaire ayant généré le plus d'entrées lors du premier week-end de diffusion aux États-Unis.

SiCKO

Sorti en 2007, SiCKO est un film documentaire critiquant principalement le système de santé américain où 45 millions d'individus ne sont pas couverts par une assurance-maladie et les autres ont parfois de grandes difficultés à se soigner en raison des réticences des compagnies d'assurances à payer les soins nécessaires.


Critiques

Michael Moore entretient sur ses documentaires une certaine confusion des genres car la majorité sont considérés, lors de procès, comme des œuvres de fiction et non des documentaires. La principale critique faite à son encontre concerne son manque de contre-argumentation dans ses films, comme c'est le cas dans Sicko où il fait une éloge du système de santé canadien en comparaison du système étatsunien.

Un documentaire canadien Manufacturing Dissent met ainsi en exergue certaines tactiques discutables utilisées par Moore dans la réalisation de ses films, comme l'utilisation d'un ami pour jouer le rôle d'un journaliste s'étant fait voler sa voiture par un employé licencié dans Roger & Me. Les réalisateurs affirment ainsi que « d'un point de vue intellectuel, la démarche de Moore est tout à fait discutable » notamment dans sa manière de décontextualiser les propos de George W. Bush pour illustrer ses propos. Par ailleurs, dans son documentaire sur General Motors, Michael Moore déclare n'avoir pas obtenu d'interview du président de la société alors que celui-ci l'a reçu à deux reprises. Ces réalisateurs canadiens, parlant de trucage, démontent également la scène où le réalisateur ouvre un compte dans une banque et en repart avec un fusil. N'étant pas journaliste, les films de Michael Moore devraient être vus selon certains, comme des « documoqueurs » c'est à dire des brûlots subjectifs à l'humour mordant.


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