dimanche 30 mars 2008

L'ARCHE DE ZOE


Suite au reportage du documentaire pièce à conviction concernant l'arche de Zoé diffusé le 16 janvier 2008 sur la chaine RFO NC, je tenais à en publier des articles. (le monde.fr).


Une journaliste de France 3, Marie-Agnès Peleran, a filmé pendant plusieurs mois l'activité de L'Arche de Zoé, l'association qui se faisait fort d'amener en France, hors de tout cadre légal, des orphelins du Darfour. Son témoignage, accablant pour les deux dirigeants de cette étrange organisation, était diffusé dimanche 13 janvier sur France 5. Ce récit à la première personne commence ainsi : "Je surfe sur Internet. Je tombe sur cet appel : "Il faut sauver les enfants du Darfour pendant qu'il en est encore temps." C'est la première fois que j'entends parler de L'Arche de Zoé." Elle contacte l'association par mail. Elle souhaite s'occuper d'un de ces enfants. Elle filme les réunions au cours desquelles, Eric Breteau, président de L'Arche de Zoé, tente de recruter des familles d'accueil. Celui-ci est formel : "C'est une opération humanitaire d'évacuation d'urgence. En aucun cas, ce n'est une adoption." Il joue sur les mots. Il bluffe aussi. "On a des contacts au plus haut niveau de l'Etat", dit-il d'un air entendu. En réalité, il a été convoqué à la brigade des mineurs de la Préfecture de police et, à plusieurs reprises, au Quai d'Orsay, où il a été mis en garde. Mais ce pompier bénévole ne retient qu'une chose : il n'a pas été mis en examen, donc il peut continuer. Ces images montrent ses talents de persuasion. On n'est pas loin de l'atmosphère d'une secte, avec ses deux éléments-clés : un chef charismatique et la certitude qu'il y a urgence...


Le carnet de route se poursuit au Tchad. L'association change de nom. Elle s'appelle désormais "Children Rescue". Tout comme le président de l'association qui s'appelle désormais "Eric Berteau". Son avocate justifie ce changement de nom par une faute de frappe.


Elle installe son quartier général à Abéché, dans l'est du Tchad, et un poste avancé à Adré, tout près de la frontière avec le Soudan, c'est-à-dire avec le Darfour.


Des chefs de village amènent des enfants en prétendant qu'ils sont orphelins et originaires du Darfour. Ils ne sont ni l'un ni l'autre, comme Marie-Agnès Peleran le découvre assez vite. Eric Berteau aurait à porter de main des documents qui prouveraient que ces enfants sont orphelains, cependant lors d'une enquête il apparaît clairement que ces documents ont été rédigé par lui même. Plusieurs scènes mettent en évidence le fait que ces enfants n'étaient pas orphelains, notamment lorsqu'Emilie Lelouch questionne le petit Djamouss qui affirme avoir son père, cette remarque qui n'aura pas été prise en compte car l'enfant aucune enquête ne sera faite à ce niveau là et l'enfant ne sera pas restitué à ses parents jusqu'à la fin.Lors d'une autre scène terrible, on voit Emilie Lelouch, l'assistante d'Eric Breteau, faire la leçon à des mères venues récupérer leur enfant, ou qui hésitent à le lui confier. Si elles ne sont pas capables de s'en occuper, qu'elles le lui laissent ! Il semble à ce moment là que l'objectif de cette association ne soit plus la même. Il s'agit évidemment de trouver des enfants pour les familles d'accueil qui s'impatientent en France. Ceux-ci doivent être suffisamment jeunes. Lors d'une autre scène, on voit Emilie Lelouch vérifier l'âge des enfants en inspectant leur dentition. "J'ai l'impression que nous venons faire notre marché", commente Marie-Agnès Peleran.


Assaillie de doutes, celle-ci arrête de filmer. "La suite, vous la connaissez tous. Le 25 octobre, nous sommes arrêtés sur le chemin de l'aéroport", conclut-elle. La journaliste a été ramenée en France le 4 novembre dans l'avion de Nicolas Sarkozy.


Une peine de substitution de huit ans d'emprisonnement a été requise, lundi, devant le tribunal de Créteil contre les six membres de l'Arche de Zoé qui avaient été condamnés à huit ans de travaux forcés par la Cour criminelle de N'Djamena au Tchad. Dans le hall du palais de justice, des proches étaient venus soutenir les accusés français, tous sont convaincus de l'innocence des bénévoles de l'association. Les avocats ont, pour leur part, accusé la justice tchadienne d'avoir accumulé les vices de procédures.


Quelque soit l'issue du procès, les six Français auront à s'expliquer sur l'accusation lancée par quatre familles contre l'Arche de Zoé à savoir « aide au séjour irrégulier d'enfants étrangers, exercice illégale de l'activité intermédiaire en vue d'adoption et escroquerie ». Pour Emmanuel et Isabelle Philips qui devaient recueillir un enfant, l'adoption n'a jamais fait partie des projets de l'association. « Il s'agissait d'un accueil d'urgence, 4 familles sur 260 ont porté plainte, ce n'est pas la majorité », explique le couple. « Les gens ont voulu croire ce qui les arrangeaient, ils voulaient avoir un enfant absolument, l'ONG n'y est pour rien », a-t-il conclu.


Les membres de l'association L'Arche de Zoé, inculpés au Tchad pour enlèvement, auraient menti aux autorités locales en cachant qu'ils voulaient évacuer des enfants vers la France, selon un document publié vendredi dans Le Parisien.


Ce document à en-tête de "Children Rescue", nom adopté par l'association au Tchad, est un "ordre de mission" non daté, signé par le président de l'association Eric Breteau et qui précise à l'intention des autorités tchadiennes la nature de l'opération entreprise.


"Cette opération a pour objectif de créer dans la région est du Tchad en août/septembre 2007 et pour une durée minimum de deux ans un Children Center comprenant un centre d'hébergement d'urgence pour les enfants isolés, un poste médical avancé", dit ce document.


Il n'est pas question d'évacuation. "Les transports sont effectués sur les vols Transall de l'armée française et l'hébergement se fera à Abéché sur la base médicale de Children Rescue", précise le texte.


Le gouvernement tchadien juge donc avoir été trompé.


La version des autorités françaises est différente. Le ministère des Affaires étrangères admet avoir été informé dès l'été du projet d'évacuation et a déclaré avoir informé en juillet le parquet de Paris qui a ouvert une enquête préliminaire de police.


On ignore pourquoi cette enquête n'a pas permis de stopper le projet de L'Arche de Zoé puisque son fondement juridique, "exercice illégal de la profession d'intermédiaire en vue de l'adoption", permettait a priori d'agir. La secrétaire d'Etat aux droit de l'homme Rama Yade soutient le contraire.


PLAINTE EN FRANCE


Le président tchadien Idriss Déby a dit espérer jeudi la libération prochaine des journalistes français et des hôtesses de l'air espagnoles arrêtés avec les membres de l'ONG française.


L'Onu et la Croix-Rouge ont fait savoir que, d'après leur enquête, 91 des 103 enfants que l'ONG voulait conduire en Europe - en les présentant comme des orphelins du Darfour - avaient encore au moins un de leurs parents.


Certaines familles en Europe ont affirmé avoir versé à L'Arche de Zoé 2 000 euros ou davantage.


Le journal régional L'Indépendant publie vendredi un entretien avec une personne anonyme qui dit vouloir porter plainte car l'association lui aurait pris de l'argent après avoir promis une adoption.


Cette personne raconte une rencontre le 8 septembre à Valence avec les dirigeants de l'association. "Ça faisait grand-messe, le public se levait quand Breteau prenait la parole et applaudissait. Breteau parlait de 'notre grand vaisseau qui allait bientôt s'éloigner vers des contrées lointaines'", dit-elle.


Un courriel envoyé le 15 octobre aux familles candidates à l'adoption par L'Arche de Zoé aurait demandé de garder le secret sur la procédure, selon ce témoin.


Neuf Français, dont trois journalistes, ont été arrêtés il y a huit jours à Abéché, dans l'est du Tchad, alors qu'ils tentaient d'emmener en avion les 103 enfants. Ils ont été inculpés d'enlèvement et d'escroquerie et risquent de cinq à 20 ans de travaux forcés s'ils sont reconnus coupables.


Un pilote espagnol, un pilote belge et six Espagnols, membres d'équipage de l'avion, ainsi que deux Tchadiens, ont été également arrêtés et inculpés de complicité.

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