L'hermaphrodisme désigne un phénomène biologique dans lequel l'individu est morphologiquement mâle et femelle, soit alternativement soit simultanément.
I / ORIGINE DU MOT
Dans la mythologie grecque, Hermaphrodite était le fils d'Hermès et d'Aphrodite, né sur le mont Ida de Troade. Alors qu'il se baignait dans une source d'Halicarnasse en Carie, la naïade de la source, Salmacis, s'éprit de lui. Elle fut repoussée, fit ensuite le vœu que les dieux unissent leurs deux corps pour n'en faire plus qu'un et fut exaucée. Cela donna naissance à un être humain homme et femme à la fois, que l'on a représenté dans la statuaire comme doté d'un pénis et de seins (cf. l'article Hermaphrodite). La légende est notamment relatée dans Les Métamorphoses d'Ovide.
HERMAPHRODISME EN BIOLOGIE
1-Hermaphrodisme simultané
Il existe à l'état naturel chez certains animaux comme certaines cochenilles, certaines coquilles Saint-Jacques et certains parasites, ou plantes comme le pommier qui portent les organes sexuels mâles et femelles (étamine et pistil) dans la même fleur.
On peut assister alors à une autofécondation : la fécondation des œufs se fait par les spermatozoïdes du même organisme. Mais ce phénomène reste plutôt rare car cela ne favorise pas le brassage génétique. La plupart des fécondations chez ce type d'hermaphrodite sont donc des fécondations croisées : elles nécessitent l'accouplement entre individus, ce qui peut être facilité par la séparation très nette dans l'espace des organes des deux genres (comme sur le maïs qui portent des fleurs mâles et femelles à des hauteurs différentes).
2-Hermaphrodisme successif ou séquentiel
Certaines espèces d'animaux sont au cours de leur vie d'abord mâles puis deviennent femelles vers la fin. C'est le cas par exemple des crépidules (mollusques marins), du poisson clown, certains batraciens et reptiles...
On parle de protérandrie lorsque les gamètes mâles sont produites avant les gamètes femelles (huître...) et, plus rarement, de protérogynie dans le cas contraire (mérou...).
3-Hermaphrodisme juvénile précoce
Traduit les espèces gonochoriques adultes qui ont une phase hermaphrodite mais qui ne produisent pas de gamètes lors de leur développement.
4-Hermaphrodisme dans l'espèce humaine
Dans l'espèce humaine le terme hermaphrodisme (vrai ou pseudo) est parfois employé pour désigner l'intersexuation ou intersexualité. Le corps médical le considère le plus souvent comme une maladie congénitale malgré l'absence de problèmes de santé associés et malgré un potentiel érotique comparable à celui d'un mâle ou d'une femelle.
Quand il est dit "vrai" l'hermaphrodisme désigne un cas rare d'intersexualité (5%) : la personne est dotée de chromosomes sexuels variables (XX, XY), mais naît le plus souvent avec une ambiguïté sexuelle et la présence simultanée de tissus testiculaires et ovariens, conduisant au développement de structures masculines (véritable pénis érectile, prostate) et féminines (vagin, utérus). La médecine n'en dénombre officiellement qu'environ 500 cas en France.
D'autres appelés pseudo-hermaphrodites féminins (XX) peuvent être liés à une hyperplasie congénitale des glandes surrénales et peuvent décéder précocement à cause de problèmes de fixation du chlorure de sodium, par insuffisance de sécrétion de cortisone.
Les pseudo-hermaphrodites masculins (XY) sont liés à un déficit d'expression de la testostérone.
Une personne atteinte de cette condition est le plus souvent infertile, même si on rapporte des cas d'ovulations ou de spermatogénèse. Les taux de testostérone et d'œstrogènes ont souvent tendance à s'inhiber l'un et l'autre (de sorte que ni les seins ni le système pileux ne se développent normalement, et parfois les organes externes restent trop peu développés pour permettre un coït aisé).
À la naissance, on pratique en général l'ablation de l'attribut le moins développé, opération doublée d'une hormonothérapie. On peut aussi se déterminer en étudiant l'histologie des gonades.
MISE EN CAUSE DE LA POLLUTION
En 2003, des chercheurs danois ont mis en évidence qu'une contamination par des matières polluantes véhiculées par la chaîne alimentaire, en particulier les PCB, entraînait une augmentation notable des cas d'hermaphrodisme chez les ours polaires.
HERMAPHRODISME ET SOCIETES
Il ne faut pas confondre l'hermaphrodite vrai (terme que la plupart des personnes concernées rejettent), qui a du tissu testiculaire et ovarien, avec l'androgyne, dont l'apparence seulement prête à confusion mais dont les caractères sexuels sont exprimés normalement, ni avec le (ou la) transsexuel(le) qui se fait opérer pour changer de sexe.
Dans les sociétés océaniennes, Rae raes, Mahus, Fa'fafines et autres transgenres avaient le rôle d'enseignantes et de gardiennes des connaissances et des traditions. Avant l'arrivée des colons occidentaux, il était de coutume que chaque famille élève au moins un de ces enfants mâles comme une fille pour perpétuer la communauté en cas de disparition des hommes lors de conflits entre familles ou de caprices de l'océan.
Souvent liées au culte de la Déesse-Mère, connue aussi sous diverses appellations parmi lesquelles : Tanit, Isis, Ishtar, Artémis, Astaroth, Astarté, Aphrodite, Vénus, elles tenaient souvent le rôle de chamanes, de prêtresses, ou sibylles dans des sociétés pré-judaïques.
Étant considérées comme les intermédiaires naturelles entre le monde des divinités et celui des mortels, tout comme entre celui des femmes et des hommes dès les tous premiers cultes de l'humanité, elles commencèrent par être vénérées avant d'être démonisées puis persécutées lors de l'avènement des sociétés patriarcales (voir patriarcat) puis des monothéismes.
Les nouveaux-nés hermaphrodites furent dès lors généralement considérés comme un signe de la colère des dieux et mis à mort.
Certaines cultures leur ont attribué au cours de l'histoire, et parfois même bien après l'évangélisation, un statut particulier, comme à Naples par exemple, cité dont la Reine fondatrice, Aristodemos il Malasio, surnommée aussi Parthénope (asexuée) et représentée sous la forme métaphorique d'une sirène, était elle-même hermaphrodite et grande prêtresse des cultes d'Aphrodite, d'Héphaïstos et d'Hermès, après avoir été Neapolis (nouvelle ville), autour de -478 qui devint dès lors la matrie des femminielli ou « petites femmes », terme employé pour qualifier les travestis. (voir aussi shemales, transgenres et transsexuelles MTF).
HERMAPHRODISME ET POLITIQUE
Quand elles se font militantes, les personnes hermaphrodites se rattachent souvent avec les transsexuelles, les travestis et les transformistes, au milieu dit transgenre ou Troisième Sexe. Transgenre est par ailleurs une appellation qui reprend l'idée que les sexes n'existent pas mais qu'il existent des genres : homme, femme, homosexuel masculin, homosexuel féminin, transexuel ... on notera que cette vision se base sur l'orientation sexuelle et non sur la physiologie (physiologie d'origine en ce qui concerne le transexuel) ce qui l'amène à être considérée comme subjective.
On parle de shemale chez les anglophones, new half au Japon, muxe ou muché chez les Zapotec du Tehuantepec Juchitan, rae rae en Polynésie, fa'fafine aux Samoa, woubi en Côte d'Ivoire, femminielli en Italie, ladyboys ou katoeys (pouvant aussi s'écrire kathoeys) en Thaïlande, natkadaw en Birmanie, hijra en Inde et au Pakistan.
Leur combat se fait surtout au niveau de l'intégration à la société : elles sont souvent reléguées à des emplois au rabais, illégaux ou à l'industrie du sexe, ou encore victime d'ostracisme et de violence.
On note quelques cas dans l'histoire de personnes hermaphrodites ayant vécu leur différence dans la tolérance et l'acceptation.
Mais en général, même si celles-ci ne sont pas toujours mises à mort, elles sont parfois considérées comme des monstruosités et vivent mal leur différence du fait de la rareté de leur situation comme du rejet dont font preuve la plupart des sociétés. Aussi la plupart tentent de dissimuler leur état en se privant volontairement de sexualité, suite à des expériences parfois traumatisantes, ou bien empruntent la voie de sexualités sensées être plus ouvertes et tolérantes.
Certaines associations reprochent à notre société de vouloir séparer la population en deux groupes étanches : les mâles et les femelles. Ils reprochent alors au corps médical de prendre une décision, à la naissance, au lieu de laisser l'individu se déterminer plus tard. En particulier, ils reprochent à la société de classer systématiquement les cas d'intersexualité dans la catégorie des femmes.
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